Ville de Donzère

N°1 - Le Moulin de Beauvert

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La parcelle sur laquelle se situe aujourd’hui le moulin appartenait en 1500 à l’évêque de Viviers, seigneur de Donzère, et ne contenait alors que des champs et une vaste “garenne”.

Vers 1555 l’évêque en vend ou alberge une partie à noble Michel de Redon, son châtelain à Donzère et de confession protestante, sur laquelle celui-ci fait construire le moulin à vent peu de temps après. La première mention de l’édifice apparaît sur le parcellaire de 1575, en des termes soulignant son caractère récent : “une terre herme a Beauvert ou y est ediffié ung molin a vent”. Ce moulin est donc sorti de terre au cours des guerres de Religions, qui ont mis la France à feu et à sang durant 37 ans. Le nouvel équipement arrive à point nommé pour seconder le moulin à eau établi sur un ruisseau prompt à s’assécher en été, et alors que les deux moulins-bateaux qui existaient jusque-là sur le Rhône avaient quitté Donzère pour Tarascon et Bourg-Saint-Andéol.

L’histoire du monument est ponctuée d’incidents et de changements de propriétaires. En 1608, un incendie le détruit entièrement. La charpente et le mécanisme sont intégralement reconstruits dès 1609 par un menuisier gardois. Tout au long du XVIIe siècle, l’équipement est loué à des meuniers avant d’être vendu au XVIIIe siècle. Le dernier propriétaire connu est un meunier de Saint-Alexandre (Gard), nommé Jean Fabre. En 1799, très délabré il est remis en état. En 1817 alors qu’il sent sa mort venir, Jean Fabre loue son moulin à Antoine Blanc, également meunier à Donzère. En 1842, les matrices cadastrales mentionnent le moulin comme étant “démoli” : les héritiers de Jean Fabre mettent fin cette année-là à près de trois siècles d’activité meunière. 

La structuration fortifiée du moulin (fondations profondes, portes aux nombreuses serrures et arquebusière), témoigne tout d’abord des périodes troubles qui ont marqué le début de son histoire. La tour, construite sous la forme d'un fût droit bâti en moellons de calcaire recouverts de mortier de chaux, et sa façade orientée vers l'est laissant entrevoir à son sommet une fenêtre entourée de pierres de taille, mettent en exergue sa deuxième fonction : la fabrication de la farine. La fenêtre située en haut de la tour et alignée avec la porte permet au meunier de veiller au bon déroulement de l'activité du moulin. Au XIXe siècle, le sol en terre battue est remplacé par un sol en mortier de chaux pour faciliter le remisage des sacs de farine. L'étage, accessible par des marches de pierre, abrite quant à lui, deux meules et peut, occasionnellement, tenir lieu d'habitat au meunier. Enfin, la présence d'une coiffe de forme conique installée à l'intérieur de la tour classe le moulin de Donzère parmi les “moulins-tours de type provençal”.

Des fouilles archéologiques sont menées en 2009 par l’archéologue Alain Belmont. Elles révèlent d'imposantes fondations, ainsi que l’existence d’une porte avec 14 serrures. À l'intérieur, un escalier de pierre (remplaçant l'escalier de bois détruit lors de l'incendie de 1608) permettait d'accéder à l'étage où se trouvaient les meules. Enfin l'édifice était couronné par une “coiffe” glissant sur un “chemin dormant”, fait de dalles de pierre qui permettait de présenter les ailes face au vent.

Considéré aujourd’hui comme le plus ancien et le mieux conservé des moulins du Dauphiné, l'édifice est inscrit en 2010 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Extraits de l’article d’Alain Belmont « Le moulin à vent de Beauvert » dans Recherches Donzéroises, n°37, 2011 / Et de l’article d’Eloise Manser « L’histoire de Donzère racontée à travers son sentier historique » paru dans Revue Drômoise, n°585, 2022.

The plot on which the mill is located today belonged in 1500 to the Bishop of Viviers, Lord of Donzère, and then only contained fields and a vast “warren”. Around 1555 the bishop sold or lodged part of it to the noble Michel de Redon, his castellan in Donzère and of Protestant faith, on whom he had the windmill built shortly afterwards. The first mention of the building appears on the parcel of land of 1575, in terms emphasizing its recent character: "une terre herme a Beauvert ou est ediffié ung molin a vent". This mill therefore came out of the ground during the Wars of Religion, which put France on fire and bloodshed for 37 years. The new equipment arrives at the right time to assist the water mill established on a stream that is quick to dry up in summer, and while the two mill-boats that existed until then on the Rhône had left Donzère for Tarascon and Bourg-Saint -Andeol. The history of the monument is punctuated by incidents and changes of owners. In 1608, a fire completely destroyed it. The frame and the mechanism were completely rebuilt in 1609 by a Gard carpenter. Throughout the 17th century, the equipment was rented out to millers before being sold in the 18th century. The last known owner is a miller from Saint-Alexandre (Gard), named Jean Fabre. In 1799, very dilapidated, it was restored. In 1817 when he felt his death coming, Jean Fabre rented his mill to Antoine Blanc, also a miller in Donzère. In 1842, the cadastral matrices mention the mill as being “demolished”: the heirs of Jean Fabre put an end to nearly three centuries of IThe fortified structure of the mill (deep foundations, doors with numerous locks and arquebusière), testifies first of all to the troubled periods which marked the beginning of its history. The tower, built in the form of a straight shaft built of limestone rubble covered with lime mortar, and its east-facing facade revealing a window at its top surrounded by cut stones, highlight its second function. : the manufacture of flour. The window located at the top of the tower and aligned with the door allows the miller to ensure the smooth running of the mill's activity. In the 19th century, the dirt floor was replaced by a lime mortar floor to facilitate the storage of sacks of flour. The first floor, accessible by stone steps, houses two millstones and can occasionally serve as a miller's house. Finally, the presence of a conical-shaped cap installed inside the tower classifies the Donzère mill among the "Provençal-type tower-mills". Archaeological excavations were carried out in 2009 by archaeologist Alain Belmont. They reveal imposing foundations, as well as the existence of a door with 14 locks. Inside, a stone staircase (replacing the wooden staircase destroyed during the fire of 1608) provided access to the floor where the millstones were located. Finally the building was crowned by a "cap" sliding on a "sleeping path", made of stone slabs which made it possible to present the wings facing the wind. Considered today as the oldest and best preserved of the Dauphiné mills, the building was listed in the supplementary inventory of historical monuments in 2010.